Homélie de Mgr Carré pour la fête de saint Roch Montpellier, le 16 août 2017

 

 

 

Fêter saint Roch en cette année, c’est mettre en évidence le sanctuaire à l’occasion des 150 ans de sa construction. Un sanctuaire, qu’est-ce donc ? Un lieu saint où l’on vient en pèlerinage pour y rencontrer Dieu qui, seul, est vraiment saint. Un sanctuaire est un lieu de prière, de liturgie où peut se vivre une rencontre extraordinaire, celle du Dieu Vivant !

 


Les sanctuaires sont dédiés souvent à un saint, comme cette église à saint Roch, comme Notre-Dame des Tables à la Vierge Marie. En honorant cette figure de sainteté, nous recevons un appui et un soutien pour nous conduire à la rencontre de Dieu.

 


En vient en pèlerinage vers un sanctuaire. Le fait de vénérer un saint pèlerin en la personne de saint Roch nous rappelle que notre vie chrétienne est elle-même, réellement un pèlerinage. Jésus n’a-t-il pas dit : « je suis le chemin » ? Un sanctuaire est comme un lieu de résonnance de la Parole de Dieu. Elle y est annoncée à travers un modèle évangélique et elle y est reçue car on y vient le cœur ouvert, désireux de présenter des souffrances et des demandes et de recevoir en retour tout ce qui sera donné. En quelque sorte, un sanctuaire est comme un interface entre le céleste et le terrestre, entre l’humain et le divin, entre l’histoire des hommes et le projet de Dieu.

 


Saint Roch est connu et honoré en de nombreux pays ! Un sanctuaire se caractérise aussi par le nombre de pèlerins qui viennent en ce lieu de bien des pays. Ainsi, la piété populaire indique par elle-même l’importance d’un lieu de pèlerinage.

 


Que cherchons-nous ce matin en venant prier saint Roch ? Les statuts et tableaux le représentent avec une plaie à la jambe, signifiant par-là la peste qu’il a contractée en soignant des malades. On l’a très longtemps invoqué contre cette maladie qui était effrayante et que l’on ne savait ni soigner ni guérir. Ce n’est plus le cas aujourd’hui pour la maladie physique. Mais il y a bien des maladies, des souffrances et des peines qui font que quelqu’un se sent traité comme un pestiféré, il se découvre mis à l’écart, suspecté, marginalisé que ce soit dans sa famille, dans un groupe ou dans la société.

 


Nous pouvons nous demander quelles sont nos tentations de rejeter d’autres personnes et de ne pouvoir les reconnaître comme des enfants de Dieu eux aussi, et donc comme des frères et sœurs. N’est-ce pas le sens du passage d’Evangile qui vient d’être lu ? J’aimerais citer quelques lignes du Pape François à ce propos : « Tout ce que nous faisons pour les autres à une dimension transcendante ». « On ne peut plus affirmer, ajoute-t-il, que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel ». Dieu désire le bonheur de ses enfants sur cette terre aussi.

 


De ce fait, il n’est pas possible de rester indifférent devant ceux qui souffrent d’une manière ou d’une autre, et ils sont vraiment nombreux sur cette terre ! « L’impératif d’écouter le cri des pauvres prend chair en nous quand nous sommes bouleversés au plus profond de nous-mêmes devant la souffrance d’autrui ».

 


Les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu au point que lui-même s’est fait pauvre. Le salut de Dieu est venu jusqu’à nous à travers le oui d’une humble jeune fille d’un petit village perdu dans la périphérie d’un grand empire. Le Sauveur, le fils de Dieu, est né dans une mangeoire, parmi les animaux, comme cela arrivait pour les enfants des plus pauvres ; il a travaillé de ses mains pour gagner son pain. Il s’est identifié à ceux qui manquent : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’étais malade et vous êtes venus à moi ». Le Pape François nous invite d’abord à avoir un regard vers l’autre. Je le cite : « une attention aimante qui est le début d’une véritable préoccupation pour la personne de l’autre et me conduit à chercher son bien ».

 


Cela, saint Roch et tant d’autres saints l’ont fait au cours des siècles depuis saint Vincent de Paul jusqu’à Mère Térésa et, bien entendu, des foules d’autres moins célèbres.

 


Que la fête de ce jour nous renouvelle dans notre désir de servir ceux qui souffrent. Ne nous demandons pas d’abord ce qui va nous arriver si nous nous mettons à leur service, mais plutôt ce qu’ils vont devenir si nous ne faisons rien !

 


Au milieu de notre ville de Montpellier, cette église veut être un signe parlant pour renouveler notre désir de servir.